Trois associés situés dans la marne ont opté pour un ensemble de charrues portées avant/arrière plutôt que pour un modèle semi-porté

Labourer en 12 corps est forcément signe de charrue semi-portée? Détrompez vous. Jean-Baptiste Ronez utilise un ensemble de charrues portées composé d’une 5 corps frontale et d’une 7 corps arrière fabriquées par la société Charlier. Agriculteur à Sommes-Suippe (Marne), il réalise un assolement en commun avec Phillippe Maucleret et Olivier Janson. Le matériel est également mutualisé. Les trois exploitants cumulent plus de 400 ha comprenant des céréales, du colza, des betteraves, des pommes de terre et de la luzerne récoltée par les coopératives de déshydratation.

L’ensemble de labour a été acheté en 2014, à la suite de l’augmentation des surfaces cultivées. « Nous avions déjà un montage en 3+5, nous avons donc conservé le système de charrues avant et arrière portées », explique Jean-Baptiste. Le modèle des 3 associés est le plus gros proposé en frontal par la société Charlier. Une roue placée avant le premier corps contrôle la profondeur de travail. Elle se positionne dans le fond de raie. Jean-Baptiste n’est pas équipé d’un contrôle de position sur son relevage avant. C’est une tige et un repère qui lui permettent d’ajuster le relevage et donc la profondeur de travail.

Fourrières plus courtes

Les charrues sont emmenées par un Fendt 828 développant 280 cv. Le tracteur est loin d’être à la peine, en matière de traction, avec cet ensemble. La charrue arrière affiche un poids de 2 290 kg alors que le modèle frontal pèse 1 850 kg. Le tracteur a donc besoin d’une capacité de relevage élevée. Cependant, contrairement à une charrue semi-portée, le poids des outils est réparti sur l’avant et l’arrière du tracteur. Il n’est pas nécessaire de lester le tracteur davantage pour augmenter son adhérence. Autre intérêt, par rapport à une charrue semi-portée de 12 corps, c’est de réduire considérablement les fourrières. Le tracteur peut faire demi-tour sur place, contrairement à une version trainée nécessitant plus de place pour le demi-tour.La partie arrière continue à travailler alors que celle de devant est déjà relevée. « Lorsqu’il n’y a pas d’obstacle en bout de champ, un seul passage de fourrière suffi », précise Jean-Baptiste. La charrue avant, comme la charrue arrière, se plie en deux lors du retournement pour faciliter l’opération.

L’un des inconvénients reste le gabarit de l’ensemble. Sur la route, la charrue frontale se replie et propose une longueur équivalente a une charrue de 2 corps. « Ce n’est pas pire qu’une arracheuse à betterave automotrice, avec cabine 3 mètres derrière l’effeuilleuse », s’amuse Jean-Baptiste. En outre, l’ensemble emprunte rarement la route. La ferme est située au bord du village et la plupart des champs sont accessibles par les chemins. Notons que le prix de l’ensemble est un peu plus élevé qu’une charrue semi-portée à nombre de corps égal.

Une utilisation modéré

Le labour est pratiqué pour implanter le colza ainsi que les betteraves, et parfois une céréale.Cela représente des surface de 100 à 130 ha par an. Il sert également à détruire la luzerne. La plante en place pendant trois à quatre ans développe un système racinaire important « C’est là que les charrues demandent le plus de puissance », souligne Jean-Baptiste. Sans labourer, détruire la luzerne nécessite 3 à 4 passages d’outils, ce n’est donc pas forcément le plus économique. « De plus, le débit de chantier est relativement conséquent. L’ensemble travaille sur 4.20 m et avance à 9,5 km/h ( 7,5 km/h dans la luzerne), soit presque 4 ha par heure. »

                                                             Pierre Peeters